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Rebirth... de quoi peut-il être question ?

Expériences, observations, hypothèses...

Par Janie Bertheau, psychologue clinicienne (études d’orientation psychanalytique), formée aux approches du "Rebirth", massage, à la thérapie EMDR, à l’accompagnement des endeuillés, inspirée par le tantra.

Nous considérons ici le "Rebitrh" en tant que pratique de psychothérapie ; c’est-à-dire comme expérience qui nous conduit à un mieux être psychologique et physique mais aussi souvent à une compréhension du sens de ce qui nous anime.

Le "Rebirth" fait partie des techniques que l’on nomme "psycho corporelles". Elle sollicite le corps à travers la pratique soutenue et consciente d’une forme de notre respiration. On note alors des effets particuliers sur le corps et la psyché : à travers des expériences très personnelles qui se manifestent dans le décours de cette pratique, des tensions physiques et psychiques apparaissent et se régulent.

On constate que ces tensions, sources de souffrance parfois entretenues depuis très longtemps, perdent de leur force et de leur impact sur nos façons de penser et de nous comporter.
La pratique régulière du "Rebirth" renforce peu à peu la possibilité d’un assouplissement de notre "forme", nous permettant de moins fonctionner sur un mode réactif et plus en adéquation avec le contexte dans lequel nous sommes, de mieux nous poser comme responsable face à ce qui nous advient, de jouir d’une liberté de choix plus grande.

Ce nom "Rebirth" qui signifie "renaissance", désigne un processus. Ce mot a été proposé par Lénard Or, redécouvreur de cette pratique qui, dans une première expérience spontanée de ce processus, a revécu des perceptions qu’il a, de façon évidente, associées à sa naissance.
Les termes de "Rebirthing" (en anglais, "processsus de renaissance") et de "respiration consciente" sont aussi utilisés pour désigner cette forme de pratique.
Léonard Or, de même que Stanislas Grof, psychiatre, sous le nom de "respiration holotropique" ont tous deux redécouvert des qualités de cette forme de respiration dans les années 70-80.
Cependant, les tibétains pratiquaient une forme à peu près analogue de respiration dans les lamasseries pour aider les moines à traverser ces mouvements émotionnels qui ne manquent pas de surgir dans toute recherche méditative. De même les chamanes dans des rituels de groupe... Et différentes formes de respiration, dont certaines proches de celle du "Rebirth", sont utilisées dans les grandes traditions, à des fins diverses dont la purification et la transe.

Cette forme de respiration, nous l’expérimentons tous. Elle est celle que nous adoptons spontanément lorsque nous dormons, dans la phase de sommeil profond pendant laquelle le corps est le plus détendu. Elle est aussi celle que nous avions bébé et petit enfant.

Dans une expérience de "Rebirth", nous installons consciemment cette forme de respiration :
. Une inspiration volontaire et profonde
. D’emblée une expiration la plus détendue possible et non contrôlée
Il n’y a pas de petite pause respiratoire entre inspiration et expiration.
... et nous soutenons cette respiration.
Un cycle respiratoire dure environ 45 à 60 mm, se régulant de lui-même.
Quelques autres modalités sont proposées, que nous laissons de côté pour l’instant.

Plusieurs éléments interviennent alors...
Vous sont livrées là des observations issues d’une pratique personnelle, de l’accompagnement de "rebirthés" ainsi que des éclairages sur ce processus tirés de l’exploration d’autres formes de respiration.

Lorsque nous installons volontairement cette forme de respiration, nous donnons au corps un signal qu’il connaît : dans notre vie d’adulte, lorsque nous avons cette respiration, notre corps est très détendu.
Il apparaît effectivement une détente relative.
Par ailleurs et sans doute en lien avec nos expériences intra-utérines, nous aimons le rythme qui nous conduit souvent à la détente et l’endormissement : l’enfant bercé qui s’endort, le voyageur qui s’assoupit au bruit régulier du train... Notre respiration à laquelle nous portons attention vient comme un rythme prédominant, invitant à se poser.

Cette forme de respiration, nous l’avons eue aussi, petit enfant, dans un age où notre appréhension du monde se fait essentiellement sur le mode de la perception : le porter et le toucher de notre mère, l’odeur de son sein, le son de sa voix, le goût des aliments, la vue des objets de notre environnement...
Dans le "Rebirth", l’attention aux perceptions est alors comme aiguisée.
Par ailleurs, si nous portons attention à la façon dont nous respirons, qui n’est pas la respiration automatique que nous avons spontanément en état de veille, notre pensée va être un peu moins omniprésente. Les pensées sont toujours là, mais elle peuvent apparaître comme un peu en retrait.

Alors vont se révéler, dans le champ de notre conscience, des perceptions, déjà présentes, mais auxquelles nous ne prêtions pas attention : des sensations, des affects, des odeurs, des sons, des représentations... souvent inattendus et surprenants.

Si nous étions indemnes de toute histoire, neufs, nous ne percevrions peut-être que ce qui est juste dans l’instant, dans le champ de notre attention ; notre attention sautillant sans cesse d’une perception à l’autre et nous donnant une perception globale du contexte...
Mais ce n’est pas le cas ! Notre histoire -notre passé- est bien là sous formes de mémoires enregistrées dans la totalité de notre personne. Ces mémoires, conscientes et inconscientes, quand elles sont réactivées par des éléments de notre environnement, sont souvent source de réactions et de comportements que nous ne comprenons pas nous-mêmes, source de souffrance que nous ne savons pas atténuer, source d’inhibitions que nous n’arrivons pas à dépasser... Source de plaisirs aussi que nous cherchons à reproduire, source d’expériences que nous souhaitons prolonger ou partager...

Si enfant où adulte, quelqu’un a hurlé en notre présence, qu’est-ce qui s’est passé ?
Nous avons eu peur, dans un réflexe de survie nous peut-être été tétanisés, ou nous nous sommes peut-être enfuis...
Qu’en est-il de notre respiration ?
De façon certaine, nous avons eu le souffle coupé ; une crispation s’est créée au niveau du diaphragme ; notre respiration s’est accélérée et placée dans le haut de la poitrine quand nous avons repris l’air,...
Tout un processus de réactions en chaîne s’est mis en place au niveau cérébral, qui s’est manifesté pour partie dans les effets observés là.

Si nous n’avons pas été dans la possibilité d’exprimer notre peur d’emblée, de pleurer, de nous faire réconforter, il y a de fortes probabilités que des reliefs douloureux de cette expérience affectent encore notre corps, notre respiration, notre pensée et se manifestent sous forme de sensations, d’émotions ou de sentiments difficiles à contenir, d’images et de rêves angoissants.

Cet exemple est simple. Notre histoire est souvent tissée de situations douloureusement vécues et répétitives qui viennent renforcer ces "impacts" contraignants sur notre respiration.
Aussi, quand nous respirons de façon plus ample, nous venons réveiller la perception de ces tensions musculaires qui sont restées enregistrées, en particulier au niveau du diaphragme.

Tous ces éléments en place, il n’y a plus qu’une seule chose à faire :
Maintenir la respiration "Rebirth" en détendant le plus possible l’expiration.
Accueillir autant qu’il est possible les images, sensations et affects qui surviennent.
Au moment où nous respirons en "Rebirth", nous sommes dans l’instant allongés sur un matelas, accompagnés, dans un contexte sécurisant. Nous sommes l’adulte qui se donne la possibilité de sentir ce qui reste en lui des tensions liées à des évènements non "bouclés", non élaborés, non achevés de son histoire. Nous ne sommes pas celui qui est en train de subir une situation réelle lorsqu’il voit apparaître ces sensations, affects, images, pensées, dans le champ de son attention. Cette situation est déjà advenue.

L’objet de tout cela n’est pas de revivre des expériences douloureuses... Ou heureuses d’ailleurs ! C’est de pouvoir voir, reconnaître et laisser aller ce qui survient.
C’est comme si nous reprenions l’histoire là où elle s’est figée pour nous dans une expérience que nous n’avons pu traverser sans en rester marqués.
Maintenant, avec une capacité de distanciation, dans une situation où nous sommes en sécurité, accompagnés, hors du contexte qui a créé cette tension, nous pouvons nous permettre de sentir les restes de la tension encore présents, de relaxer notre expiration là où elle s’était suspendue, de laisser s’exprimer les affects restés réprimés, de laisser émerger les représentations refoulées...
Nous pourrions aussi le formuler ainsi : dire "oui" à cette part de nous-même encore marquée de l’empreinte de notre histoire là où, face à la situation réelle nous aurions peut-être voulu pouvoir hurler un grand "non".

Lorsque nous maintenons cette forme de respiration, l’accueil, le "oui" à nous-mêmes... dissout la tension musculaire... et psychique.

N’avez-vous pas remarqué qu’il y a toujours un "non" à qui nous sommes qui soutend le maintien dans la souffrance ?

Cette expérience se situe dans un champ où, en tant qu’adulte nous nous attardons peu. Adulte, nous nous identifions volontiers à nos pensées. Enfant, notre expérience et nos identifications ne se faisaient pas quasi-exclusivement sur ce mode, bien qu’il se soit installé très vite dans nos apprentissages. Notre appréhension du monde passait pour une grande part par les perceptions et puis peu à peu par les perceptions et les pensées. Le mode de la pensée (le monde des mots asservit d’ailleurs très vite le monde de nos perceptions ; toute perception entraîne immanquablement une réaction qui vient... sous forme de pensée).
Toutes les grandes voies de connaissance qui proposent, entre autres, de calmer l’esprit, suggèrent de porter notre attention sur les perceptions. Tous les méditants ont pu observer que s’ils tournent plus leur attention vers les perceptions, la pensée devient plus calme, plus pragmatique, moins discursive et une relative tranquillité s’installe... Tranquillité de l’esprit qui s’étend au corps, l’un et l’autre étant indissociables. Nous nous apercevons que dans ces moments-là, les choses qui nous préoccupaient... n’ont plus vraiment d’importance. Enfin, pas celle que nous leur accordions par moments.

Nous faisons l’hypothèse que la pratique du Rebirth, qui incite à une attention plus grande sur nos perceptions, nous emmène dans ces espaces que rencontrent les méditants, avec des mobiles autres. C’est dans la surprise de la rencontre avec ces perceptions particulières en situation de "Rebirth" que peut se produire cette alchimie (qui a à voir avec la fantastique chimie cérébrale) qui fait que l’inscription mnésique d’évènements vécus comme traumatiques (gardés conscients ou inconscients) se modifie. L’affect qui chargeait l’événement semble se moduler et même disparaître.
Il faut parfois moins de temps pour que ce processus se déroule que le temps de lire ces lignes. Il faut parfois se trouver à plusieurs reprises en présence de perceptions similaires pour qu’un apaisement des tensions internes intervienne.
Nous ne savons pas avant cette expérience ce qui va se présenter. Parfois même, après, nous ne savons pas d’emblée à quoi c’était lié.
Parce que nous sommes toujours en quête de sens, les "rebirthés" sont toujours invités à regarder, à la lumière de ces expériences, quels liens peuvent se faire, quelles compréhensions peuvent surgir, à quoi ça les renvoie... Néanmoins des tensions peuvent s’apaiser sans que nous sachions jamais à quoi elles étaient reliées.

Cette pratique a aussi des effets non négligeables sur le métabolisme du corps. Seulement 3% des déchets produits par notre organisme seraient éliminés par les selles, 7% par les urines ; notre peau en filtrerait 20%, les 70% restant devant s’éliminer par la respiration.
Le fait d’amplifier considérablement notre respiration aide à cette élimination, venant comme doper les fonctions biologiques.
Nous observons parfois des effets inattendus ! Un patiente qui avait utilisé un désinfectant des voies urinaires qui teinte les urines en bleu plus d’un mois avant son premier Rebith, a eu des urines colorées de bleu après la séance de respiration. Lors d’un travail de groupe, une odeur qui s’est révélée être celle du chloroforme s’est fait sentir dans la salle après un revécu de naissance d’une personne relativement âgée. Elle savait que sa mère dont l’accouchement se déroulait mal avait été anesthésiée lors de sa naissance et apparemment à cette époque avec du chloroforme. Après une semaine de cette pratique, une éruption massive de boutons sur le visage et sur le dos sont venus porter une ombre sur l’enthousiasme d’une nouvelle "rebirthée"... "C’est bien, ce sont des choses qui s’éliminent" a été la réaction d’une très vieille et très sage médecin.
...Toute chose que nous proposons simplement de constater, les professionnels du corps médical sachant apporter des explications ou éléments de réponses à ces observations.

Notre enthousiasme à partager ces expériences et observations n’exclut pas de noter que, s’il est un util extrêmement aidant en psychothérapie, le "Rebirth" n’est pas une vois exclusive.
Il convient de respecter les rythmes et les limites de chacun.
Il peut convenir à certaines personnes et pas à d’autres.
Il est contre-indiqué pour toute personne ayant des problèmes cardiaques, de l’hypertension, un glaucome ; aux personnes ayant des crises d’épilepsie ; pour toute personne psychologiquement très fragile, souffrant d’un pathologie psychiatrique lourde (ou du moins s’il peut être utilisé, c’est dans un cadre très particulier), dépressive et qui ne serait pas sous médicament adapté et efficace ; il est nécessaire de prendre des précautions pour toute personne qui vient de subir une intervention chirurgicale ou pour une femme enceinte.

En revanche il est extrêmement aidant pour les personnes insomniaques, souffrant d’asthme, de crises de tétanie...

Dans le déroulement de ce processus, il est important de noter que la personne qui "rebirthe" est toujours consciente et peut toujours choisir : continuer de soutenir cette respiration où revenir à une respiration plus habituelle qui fait que les perceptions rendues plus palpables vont d’elles-mêmes redevenir moins sensibles...
Il arrive évidemment que nous restions dans l’impossibilité de franchir le pas. Ce qui s’est présenté là se représentera alors sans doute.

La traversée de ces expériences laisse des impressions partagées par beaucoup d’entre nous :
. Sensation de profonde détente physique et psychique.
. Impression de se percevoir et de percevoir l’environnement de d’autres points de vue que celui ou ceux habituels.
. Augmentation de la capacité respiratoire (en particulier après un "revécu de naissance").
. Capacité à fournir un effort physique ou mental de façon prolongée, sans fatigue.
. Sentiment d’amour sans objet, sentiment de joie.

Une pratique régulière, pendant un temps, de ce travail psychothérapeutique viendra renforcer ce qui apparaît d’abord comme des ouvertures dans une façon de se voir et de voir sa vie. Il est d’ailleurs essentiel que ces expériences s’inscrivent dans un parcours psychothérapeutique... Ou soient l’opportunité de s’y engager.

 

Janie Bertheau - janvier 2006

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